L'indignation très sélective de l'Occident
![D'abord ignoré, l'enlèvement de plus de 200 lycéennes nigérianes par la secte Boko Haram a déclenché une impressionnante mobilisation à travers le monde. “Pourquoi les médias ignorent-ils ces 200 fillettes disparues ?” se demandait le magazine Salon, le 30 avril dernier, deux semaines après les faits. “Sans doute est-ce trop loin, trop rural, trop distant pour que les Occidentaux s'y identifient ?” avançait l'article. Une fille qui disparaît, c'est le cauchemar de tout parent ; 200, serait-ce trop abstrait, trop compliqué à percuter ?” Deux semaines plus tard, la situation a radicalement changé. L'enlèvement a brusquement captivé l'attention internationale et déclenché une campagne sur Twitter. Les manifestations s'enchaînent et le hashtag #BringBackOurGirls (rendez-nous nos filles) est brandi partout et par tous, y compris Michelle Obama, Jessica Biel, Christiane Taubira ou encore Valérie Trierweiler. Mais alors, pourquoi personne hors des frontières nigérianes ne s'est-il soucié des milliers de personnes tuées jusqu'à présent par Boko Haram ?, se demande The Spectator, qui rappelle qu'en février dernier, la secte islamiste avait attaqué une école - de garçons cette fois - et exécuté 59 jeunes hommes en les fusillant ou en leur tranchant la gorge à la machette. “Où étaient les selfies, à ce moment-là ?”“L'enlèvement de 276 jeunes filles - majoritairement chrétiennes - par Boko Haram est une atrocité, mais ce n'est pas la première qu'ils commettent, développe le journal britannique. C'est juste la première à déclencher l'intérêt occidental”. Et pour cause : “Le droit d'une fille à l'éducation est devenu un pilier fondamental dans l'idéologie de l'Occident et un pion important dans sa lutte contre l'islam radical. C'est pourquoi Malala [la jeune Pakistanaise visée par les Talibans pour son engagement en faveur de l'éducation des filles] a été élévée au rang de quasi-sainte”.Il est compréhensible que les Américains veuillent aider, observe de son côté Doug Bandow, membre du think-tank libertarien Cato Institute, dans une tribune sur le site de Forbes. Cependant “Washingon doit éviter de se retrouver embourbé dans un nouveau conflit interminable [...] Seuls les Nigérians peuvent trouver un moyen d'à la fois défaire cette organisation terroriste (qui tue de façon encore plus indifférenciée qu'Al-Qaida) et réformer un système politique qui semble propice aux échecs.”](https://www.courrierinternational.com/files/imagecache/dessin_656x/2014/05/1305-dessin.jpg)
Fillettes : “Quand je serai grande, je veux être médecin” ; “Moi avocate” ; “Et moi ingénieur !”
Milicien : “Moi je suis déjà grand et voici ce que je suis devenu”
L'indignation très sélective de l'Occident
D'abord ignoré, l'enlèvement de plus de 200 lycéennes nigérianes par la secte Boko Haram a déclenché une impressionnante mobilisation à travers le monde. “Pourquoi les médias ignorent-ils ces 200 fillettes disparues ?” se demandait le magazine Salon, le 30 avril dernier, deux semaines après les faits. “Sans doute est-ce trop loin, trop rural, trop distant pour que les Occidentaux s'y identifient ?” avançait l'article. Une fille qui disparaît, c'est le cauchemar de tout parent ; 200, serait-ce trop abstrait, trop compliqué à percuter ?”
Deux semaines plus tard, la situation a radicalement changé. L'enlèvement a brusquement captivé l'attention internationale et déclenché une campagne sur Twitter. Les manifestations s'enchaînent et le hashtag #BringBackOurGirls (rendez-nous nos filles) est brandi partout et par tous, y compris Michelle Obama, Jessica Biel, Christiane Taubira ou encore Valérie Trierweiler.
Mais alors, pourquoi personne hors des frontières nigérianes ne s'est-il soucié des milliers de personnes tuées jusqu'à présent par Boko Haram ?, se demande The Spectator, qui rappelle qu'en février dernier, la secte islamiste avait attaqué une école - de garçons cette fois - et exécuté 59 jeunes hommes en les fusillant ou en leur tranchant la gorge à la machette. “Où étaient les selfies, à ce moment-là ?”
“L'enlèvement de 276 jeunes filles - majoritairement chrétiennes - par Boko Haram est une atrocité, mais ce n'est pas la première qu'ils commettent, développe le journal britannique. C'est juste la première à déclencher l'intérêt occidental”. Et pour cause : “Le droit d'une fille à l'éducation est devenu un pilier fondamental dans l'idéologie de l'Occident et un pion important dans sa lutte contre l'islam radical. C'est pourquoi Malala [la jeune Pakistanaise visée par les Talibans pour son engagement en faveur de l'éducation des filles] a été élévée au rang de quasi-sainte”.
Il est compréhensible que les Américains veuillent aider, observe de son côté Doug Bandow, membre du think-tank libertarien Cato Institute, dans une tribune sur le site de Forbes. Cependant “Washingon doit éviter de se retrouver embourbé dans un nouveau conflit interminable [...] Seuls les Nigérians peuvent trouver un moyen d'à la fois défaire cette organisation terroriste (qui tue de façon encore plus indifférenciée qu'Al-Qaida) et réformer un système politique qui semble propice aux échecs.”
Dessin de Schrank paru dans The Independent
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